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Bête Blanche

D’un brouillard tissé dans la laine, quelque chose me somme d’ouvrir les yeux. On me tire. Si,

regardez-bien, mes coudes se meuvent, ma nuque se plie, mes doigts se pendent… Ma tête n’est

guère plus éloignée des toits qu’elle ne l’est de ma couche et les étoiles comme les abysses me sont

visibles à l’œil nu. Dans une pénombre d’église, les méandres de ma psyché s’entremêlent en un

nœud qui grossissant sur ma poitrine prend forme d’une bête blanche et glacée, imposant de sa

carcasse rachitique les frissons qui traversent mon corps endormi. Je suis témoin de son effroyable

assaut, et ne me soucis point de la voir me mirer de ses pupilles écarlates.

Que m’arrive-t-il ? Est-ce une folie ou bien le fin fond de mon âme ?

Je ne suis plus sûr… de savoir… Suis-je… Est-ce que je rêve ?

Monstre, larve… rampe, rampe, rampe, tu n’es rien…

Je suis ? Qui suis-je ? Ou… rampe, rampe, rampe !

Est-ce que je rêve ? Suis-je éveillée… ou… ?

Rampe ! Tais-toi, tais-toi, arrête, tais…

Je suis ici, étendue, livide, rampe !

Suis-je éveillée ? Tais-toi ! Je…

Il… est… Rampe ! Rampe !

Sur moi ? Est-ce que je…

Pitié ! Non… il est sur…

Qui suis-je… Rampe !

Suis-je… Tais-toi !

Dors… Rampe !

Je ne suis…

Est-ce…

Non.

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