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La Fabrique de Sponge

     Ma foi que dire. J’aime chanter. Je chante depuis toujours. Je suis de celles  à qui depuis toujours l’on dit « ah la la, quelle voix ! ». Je suis de celles  dont on dit quand elles grandissent qu’elles « finiront dans la musique à tous les coups ». Je ne m’en plains pas. Supporter les ambitions de jeunes chanteuses, c’est bien. Bravo. Tant que vous le pensez vraiment. Vraiment. (wink, wink).

 

Mais voilà : je chante surtout pour moi.

 

    Sponge chante sous la douche. Sponge chante en se baladant dans la forêt. Sponge chante en conduisant, en cuisinant ou en faisant la vaisselle. On pourrait en faire une BD tant c’est banal, loin des scènes, des tournées, des plateaux.

 

    Pour plusieurs raisons, je chante moins depuis quelques années. Cela reste une porte d’entrée vers mon monde intérieur, un signal finement étudié que mon cerveau interprète comme une autorisation à enclencher une phase hermétique, un état sourd à quoi que ce soit qui l’entoure. Mais je me perds moins dans ce monde spécifique... Notamment lorsque je ne suis pas seule.

 

     Car le chant c’est aussi le partage, la connexion... Rares sont les sensations aussi satisfaisantes que le fait d’entendre dans son dos, une de ses comparses vous accompagner à la tierce ou entamer un canon virevoltant.... Et que dires des duos les plus majestueux, des hymnes les plus populaires, des sérénades les plus romantiques ... Les chrétiens disent que « chanter, c’est prier deux fois ». Je ne sais pas s’ils ont raison. Je peux dire que pour beaucoup, chanter, c’est aimer, ou avoir aimé, au moins...

 

   Ainsi lorsque je chante en présence de quelqu’un, cette personne a toujours le réflexe de m’emboîter le pas, de reprendre l’air entonné à l’unisson, ou de proposer sa propre prestation après coup...

 

     Les gens comme cela ont raison. D’ailleurs je leur emboîte souvent le pas, je les relance même, car il y a bien quelque chose d’agréable. Je ne feins pas d’apprécier ces moment avec eux. Mais il y a un « mais ». C’est comme cela que beaucoup communiquent musicalement, cela semble leur convenir, cela semble être normal. JE suis celle qui semble ne pas comprendre les règles du jeu.

 

   Cela ferait donc de moi une espèce de monstre ? Une éponge dénuée d’empathie ou de sentiments, incapable de communiquer sur sa sensibilité aux mots, aux rythmes, aux voix... ?

 

    Non... Car la poésie existe; la poésie et ses parures semblables en tant de points à celles du chant... un art où je ne cherche plus la beauté pour me protéger du monde, mais pour la décrire, la glorifier, la transmettre, aussi fugace fût-elle...

 

C’est ca, pour moi, la Poésie.

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