Bonjour, je m'appelle Sponge, et je suis addi...

Mauvais début, au temps pour moi.

 

Lorsqu'on est TDAH, il faut faire des listes. Des listes, des listes, des listes. Toujours des listes, le plus de listes possible. Autrement on oublie. La liste est là pour nous rappeler de penser au monde, le vrai. Ces listes nous rappellent pourquoi nous faisons ce que nous faisons, où nous sommes, quel est notre but. Ca serait beau, n'est-ce pas ? Si le monde pouvait être plus facile, juste avec des listes … ? Pour vous rassurer, il est tout aussi tentant d'oublier qu'on a fait une liste, et qu'il faut s'y tenir...

 

D'ailleurs, commençons cette liste ci : le Théâtre, pour moi, c'est quoi ?

 

Déjà, le théâtre, c'est le langage. C'est un langage. Le théâtre, c'est s'émanciper des codes élitistes du roman. Le théâtre ne brille pas par le verbe, mais par l’authenticité des plaintes et des diatribes de ses acteurs. Je parle d'« acteur » au sens de « qui participe » plutôt que de « qui joue un rôle », car il n'y a pas de « jeu » au sens de « fausse émotion » sur scène, pas de faux-semblants, pas « d'interprétations », les acteurs du théâtre sont des corps à part entière, ils sont des tirades audibles, des pleurs épongeables, des caresses palpables...

 

Et le théâtre c'est aussi cela : la réalité. Le dramaturge ne crée pas des « personnages », il ne « dépeint » pas des personnalités dont il viendrait au lecteur d'imaginer les limites... Le dramaturge crée des Femmes, des Hommes, et des Autres... Il leur laisse une tribune, qu'enfin ils – ces Femmes, ces Hommes, ces Autres - puissent vomir tous les maux qu'ils gardaient pour eux, d'ordinaires enfouis dans les méandres de tout ce qui est, potentiellement.

 

Le théâtre c'est un miroir. C'est une glace, réfléchissante, grossissante à l'occasion, donnant des formes à mon corps, modulant mes intonations. Mais c'est aussi un cadre, aux dorures élégantes et raffinées, entourées duquel mes pires folies prennent des allures de dérives géniales ou de desseins ingénieux... Selon beaucoup, surtout selon la norme, ce miroir peut se retourner. Vers l'audience. Je suis une fan de ce mot :

 

C-A-T-H-A-R-S-I-S

 

Ca c'est l'effet recherché. Passer un message. Faire peur au spectateur. Lui rappeler quelque chose. Si le théâtre était une liste, la catharsis serait ce moment où l'on se dit « ah mais oui, j'avais failli oublié ! ». Pratique, non ?

 

Mais je ne sais pas vraiment si j'aime cela. Il faudrait que j'y pense un peu plus. Après tout, ces Femmes, ces Hommes, et ceux entre les deux, en dehors des deux, autres que les deux, ou bien même juste les deux, de quel droit devons nous leur demander de nous être utiles ? N'ont-ils pas droit a l'intimité ? Au plaisir de vivre une vie sans grand sens, sans grandes ambitions dès lors qu'ils sont heureux, et apaisés ? Je me demande... Ces gens méritent qu'on raconte leurs histoires sans qu'on attende rien d'eux que de pouvoir admirer la banalité de leur existence … Car n'oubliez pas, eux aussi, d'une façon ou d'une autre, sont vivants. Eux aussi peuvent être fatigués, et angoissés, et névrosés. Ils sont comme nous. Voila, c'est cela ! Pour moi, le théâtre, c'est parler de nous. Pour moi le théâtre, c'est parler de moi, et de ce qu'on pourrait être, ce qu'on voudrait être, ce qu'on a peut d'être, ce qu'on rêve d'être, ce qu'on suppose être, de ce qu'on est ailleurs …

 

Et c'est le faire sans se cacher. En assumant d'être pluriel.

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Vous avez dit Absurde ?